Nouvelle:"sans l'ombre d'un doute"

Publié le par fredo

Ce 23 mai 1989 le soleil brillait déjà d'un bel éclat quand John sortit de son sommeil en ouvrant un œil il découvrit que l'heure du déjeuner venait de sonner.
Il enfila donc avec empressement son costume et se dirigea vers la cuisine.
celle ci était exiguë mais toujours pleine de vie, c’était le royaume d' Anna , jolie cordon bleu, aux grands yeux verts.
Pourtant ce matin la, l'odorat de John ne flaira aucune odeur d'aromates sur le chemin qui le menait à ce paradis.
« Anna!» S'exclama t'-il d'une voix hésitante.
N'obtenant aucune réponse il insista « Anna mon amour!» Puis il entra dans la pièce déserte.
Il ressortit presque aussitôt précipitamment par une petite porte qui menait au jardin, n'ayant pas trouvé sa compagne, il sortit nerveusement son téléphone de la poche intérieure de sa veste puis pianota un numéro, au bout de trois sonneries la voix angélique qui l’accueilli n’était qu’un enregistrement,son impatience grandit, puis agacé il raccrocha.
Il regarda la grosse montre qui ornait son poignet elle indiquait déjà quatorze heures.
« Merde » lâcha t'-il énervé. Puis il se dirigea d'un pas décidé vers la grosse berline noire garée devant la maison,il démarra à vive allure en faisant crisser les pneus. il imaginait Anna derrière son bar,assaillie de clients impatiente de le voir arriver afin de l'aider à tenir l’établissement dans lequel ils avaient dix ans plutôt investi toutes leurs économies . Une affaire prospère car les marins pêcheurs n'avaient pas d'autre endroit où célébrer leurs bonnes pêches et oublier leurs durs labeurs.*
Au bout de dix kilomètres il gara sa voiture sur la place habituelle.
John descendit du véhicule, claqua la portière puis traversa l'avenue d'un pas pressé.
Lorsqu'il arriva devant le bar il trouva porte close.
Dès l'instant son agacement commença à se transformer en angoisse.
Ses mains agitées fouillèrent en vain,ses poches,à la recherche de ses clefs.
En rebroussant chemin son pied droit trébucha sur un éclat de verre.
Ce bruit presque cristallin résonna comme un coup de canon dans son esprit.
Il poussa alors un hurlement effrayant et se mit a courir à vive allure le long de l’océan,il semblait envoûté par une force surnaturelle.
Alors que son corps d’athlète se dirigeait vers le phare que l'on devinait à peine au loin tant la brume troublait l'horizon. son esprit lui repassait le terrible film des événements de la veille.

C'est à 19h30 précise, que Anna était rentrée avec un peu d'avance de son cours de danse.
En poussant la porte du bar, son sourire radieux qui illuminait d'ordinaire tout l'établissement s'était transformé en une moue non dissimulée.
En effet, John avait passé l'après-midi avec le vieux Nestor un habitué des lieux et deux de ses matelots à jouer aux cartes et à refaire le monde.
La bière avait coulée à flots et à cette heure, il était donc déjà passablement ivre, alors qu'un rendez-vous les attendait.
En effet, Anna avait prévu de fêter leurs dix années de vie commune dans l'un des meilleurs restaurant de la région.
Mais lui l'avait oublié.
Alors connaissant la grande jalousie de son compagnon,c'est par simple vengeance que Anna se mit donc à discuter avec l'un des jeunes officiers accoudés au bar et qui venait de lui commander un café.
Au bout de quelques minutes, le stratagème fonctionna, John rejoignit sa belle derrière son comptoir.
L'alcool aidant il jeta dés lors un regard méprisant vers l'interlocuteur d'Anna.
"On ferme ! " s'exclama t'-il d'un ton agressif.
Anna excédée par un tel culot lui rétorqua que la soirée démarrait à peine et continua sa conversation.
C'est à ce moment qu'éclata la dispute.
La tension qui devint vite palpable, fit rapidement fuir les clients gênés par la situation ambiguë.
Les lieux se vidèrent en quelques minutes.
Dans le troquet désert le ton monta d'un coup ;
"Ivrogne, tu n'es qu'un vaut rien!" Cria Anna !
John lâcha alors le verre de whisky qu'il tenait dans sa main droite, blessé par ce propos.
La situation s'empira sa colère alla grandissante,ils en vinrent aux mains.
Il ne pu contrôler son geste et son poing percuta la mâchoire de la jeune fille,déséquilibrée, elle trébucha, sa tête heurta violemment le carrelage. Alors dans sa colère John perdit la raison, il se mît à briser tout ce qui ce trouvait sous sa main.
Enfin au bout de quelques instants, un sursaut de lucidité regagna son esprit, il était trop tard, Anna n'avait plus bougé d'un cheveu.
Son corps livide gisait là immobile.
Dans un état de choc John avait donc continué à boire seul et était ensuite rentré chez lui dans une semi inconscience.

C'est pourquoi à son retour découvrant la gravité du drame de la veille et paniqué par la situation.
Dans un premier temps John pensait alors jeter le corps à la mer.
Il s'en ravisa et prit la fuite.
La course folle de John ne s'arrêta que lorsqu'il arriva au bout de la digue, il plongea du haut de la falaise en poussant un dernier cri de désespoir.
Ainsi, sa course mît fin à ses jours et au cauchemar qui défilait en boucle dans son esprit.
Il s'infligeât la sentence suprême car sans l'ombre d'un doute la veille, il avait commis l'irréparable.

Publié dans Vents de lettres

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